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La déshumidification de mon hall industriel

par | 4 Fév 2025

Analyse de la déshumidification de mon bâtiment industriel

Quand j’ai entrepris de déshumidifier mon bâtiment de 45 m x 11 m x 3 m, je savais que ce ne serait pas une tâche facile. Après un mois d’attente sous la pluie avant de pouvoir poser une nouvelle toiture, l’intérieur était littéralement trempé. L’humidité stagnait, les cartons et le papier étaient détrempés, et un simple test à l’hygromètre affichait 93 % d’humidité relative à une température de 5°C.

deshumidificateur-boels

Pour remédier à ça, j’ai loué un déshumidificateur industriel annoncé capable d’extraire 450 litres d’eau par jour. Pourtant, il n’a jamais atteint ce chiffre. Malgré son fonctionnement en continu pendant trois semaines, je n’ai pu extraire que 1243 litres d’eau en tout. Pourquoi ? Voici mon analyse.

hall-trempe

Pourquoi mon déshumidificateur n’a pas enlevé 450 litres par jour ?

Quand on loue un déshumidificateur, on s’attend à ce qu’il fasse ce qu’il est censé faire : retirer 450 litres d’eau par jour comme indiqué sur la fiche technique. Mais ce chiffre est valable uniquement dans des conditions optimales :

Température de 15°C
Humidité relative de 99 %

Or, mon bâtiment était bien loin de ces conditions idéales. Avec seulement 5°C, l’air ne pouvait contenir que 6,8 g d’eau par m³ à saturation (100 % d’humidité). À 93 % d’humidité, cela représente 6,3 g/m³.

Calcul de la quantité d’eau contenue dans l’air du bâtiment

Le volume d’air total était de 2230m^3

Donc, l’eau contenue dans l’air était : 2230 x 6,3 g/m^2 = 14 litres

Seulement 14 litres ! Si mon bâtiment avait été complètement hermétique, je n’aurais jamais pu retirer plus que ces 14 litres d’eau. Et pourtant, après trois semaines de déshumidification, j’avais vidé 1243 litres de mon appareil. D’où est venue toute cette eau ?

L’origine des 1243 litres d’eau extraits

1. L’humidité ne venait pas que de l’air

En réalité, l’humidité de mon bâtiment ne se limitait pas à l’air ambiant. Tout était trempé :

  • Le sol était encore humide après avoir été exposé à la pluie.
  • Les murs et les structures en béton avaient absorbé l’eau comme des éponges.
  • Les cartons et autres matériaux poreux stockaient eux aussi une énorme quantité d’humidité.

Le déshumidificateur ne se contente pas de sécher l’air : il crée un déséquilibre. En extrayant la vapeur d’eau de l’air, il force l’humidité piégée dans les matériaux à s’évaporer pour compenser cette perte. C’est un processus lent, mais au fil du temps, les surfaces imbibées libèrent progressivement leur eau dans l’air, qui est ensuite captée par l’appareil.

2. Mon bâtiment n’était pas hermétique

Autre facteur majeur : l’air extérieur s’infiltrait. Mon bâtiment n’était pas une chambre de test en laboratoire, totalement étanche. Il y avait toujours des entrées d’air non contrôlées :

  • Des joints non parfaitement scellés
  • Des infiltrations par les portes et les ouvertures
  • Un renouvellement naturel de l’air

Chaque fois que de l’air neuf entrait, il apportait de l’humidité supplémentaire. Mon déshumidificateur ne faisait donc pas que retirer l’humidité intérieure, il compensait aussi les apports extérieurs. Si l’air entrant était à 5°C et 100% d’humidité, il transportait 6,8 g d’eau par m³. À chaque renouvellement d’air, il y avait donc une nouvelle charge d’eau à extraire.

Le coût de la déshumidification : une opération onéreuse

 Déshumidifier un bâtiment de cette taille n’est pas seulement un défi technique, c’est aussi un investissement financier conséquent. La location du déshumidificateur m’a coûté 1000 € HTVA pour trois semaines. À cela s’ajoute la consommation électrique de l’appareil, qui fonctionnait en continu 24h/24, avec une puissance de 2.7 kW et un prix de l’électricité de 0,25 €/kWh +-.

Ainsi, le coût total de cette opération s’élève à 1340 € HTVA. Ce montant ne prend même pas en compte d’éventuels frais supplémentaires comme le transport du matériel ou d’autres équipements annexes. Si j’avais chauffé le bâtiment pour améliorer l’efficacité du processus, la facture aurait explosé, ce qui montre bien que la déshumidification sur une grande surface est un processus coûteux, mais nécessaire pour éviter des dégâts à long terme.

Les données que j’ai récoltées de cette expérience.

Graphique qui montre la diminution de l’humidité avec le temps

graphique-humidite-temps
  • L’humidité diminue avec le temps, le déshumidificateur fait bien son travail.
  • On voit que les baisses d’humidité sont souvent corrélées avec des hausses de température.
  • Quand la température augmente, l’air peut contenir plus d’eau, ce qui facilite le travail du déshumidificateur.

Graphique qui montre la diminution du rendement avec le temps

graphique-rendement-temps
  • On voit mieux comment le rendement du déshumidificateur varie avec la température.
  • Lors des périodes plus chaudes, le déshumidificateur extrait plus d’eau par heure, confirmant que la température influence directement son efficacité. (Phénomène qui n’est plus observé à la fin).

Conclusion

Mon expérience de déshumidification a révélé plusieurs enseignements clés : le déshumidificateur n’a pas seulement retiré l’humidité de l’air, mais surtout celle contenue dans les matériaux imbibés, expliquant pourquoi j’ai pu extraire 1243 litres d’eau alors que l’air seul n’en contenait initialement que  14 litres. Le rendement a diminué avec le temps, car plus l’environnement s’asséchait, plus l’évaporation de l’eau depuis les matériaux était lente. De plus, la température a fortement influencé l’efficacité du processus : à 15°C, l’air pouvait contenir plus d’eau, ce qui améliorait la performance du déshumidificateur, tandis qu’à 7-8°C, le rendement chutait. Enfin, le bâtiment n’étant pas totalement hermétique, l’air extérieur continuait d’apporter de l’humidité, prolongeant le processus. Ces observations montrent que pour optimiser une déshumidification, il faut contrôler la température, la ventilation et les infiltrations d’air tout en tenant compte de l’humidité stockée dans les matériaux.

PS : Je montre le déshumidificateur en action dans cette vidéo :